mardi 13 janvier 2009


SOMMAIRE
LE SOMMELIER-CONSEIL ,
UN ACTEUR DU DEVELOPPEMENT DE L'OENOTOURISME

I-RENCONTRE AVEC UNE REGION ET UN METIER

I-1 Un paysage et une région : Condrieu et la rive droite du Rhône

I-2 Un vigneron emblématique

I-3 A l'assaut des terrasses !

3-1 Premières expériences

3-2 Le goût de l'Autre

II-LE TEMPS DE LA FORMATION

II-1 Les Vins De Vienne : Un domaine viticole, lieu de stage et de mise en situation
II-2 Apprenti Sommelier-Conseil

III-SOMMELIER-CONSEIL,
UN ACTEUR DU DEVELOPPEMENT DE L'OENOTOURISME

III-1 Valorisation des paysages viticoles
III-2 Le domaine viticole au coeur de l ' oenotourisme

2-1 Exemple des Vins De Vienne et des vignerons associés comme terrain d'étude
2-2 Un vigneron du Beaujolais et ses clients au pays des Côtes Rôties

III-3 L ' oenotourisme en action

CONCLUSION

1
LE SOMMELIER-CONSEIL,
UN ACTEUR DU DEVELOPPEMENT DE L'OENOTOURISME

I-RENCONTRE AVEC UNE REGION ET UN METIER
I-1 Un paysage et une région : Condrieu et la rive droite du Rhône
C'est d'abord l'histoire d'une rencontre avec une micro-région viticole sur la rive droite du Rhône, entre St Pierre de Boeuf et Ampuis, sur les AOC Condrieu, Château Grillet, Côte Rotie et St Joseph(1). En 1996, alors commercial VRP pour une maison de négoce de vins spécialisée dans la
vente directe de vins fins auprès du particulier, nous avions, ma compagne et moi, posé nos valises quelques mois sur Vienne, en Isère... suffisamment de temps pour se rendre compte que la rive
droite, vers le village de Condrieu, serait un très bel écrin pour l'arrivée de notre premier enfant.
Cette année-là, nous découvrîmes cette région, ce vignoble en terrasses, ces pentes raides exposées est, sud-est, sur les contreforts du massif central plongeant sur le fleuve-roi, le Rhône. Bonjour
viognier et syrah, bonjour cheys, échalas et chaillées(2) !

Découverte ! Oui, assurément... J'avais passé mon adolescence à une quinzaine de kilomètres sur la rive gauche, et pourtant mes escapades ne m'avaient jamais conduit jusqu' à Condrieu. Le fleuve Rhône, séparation historique au IX ème siècle entre le Royaume et l'Empire, avait joué une
nouvelle fois son rôle de frontière naturelle et culturelle.
Cette région, au carrefour du Lyonnais, du Forez et du Dauphiné, à l'extrémité sud du département du Rhône flirtant avec les départements de l'Isère et de la Loire me tendait désormais les bras. J'étais prêt à m'engoufrer dans ces paysages et à découvrir les mille et un secrets de ce vignoble qui s'offrait à moi.

(1 )Quatre Appellations d'Origine Contrôlée sont citées, elles se situent dans la vallée du Rhône septentrionale sur la rive
droite :

- Condrieu : blanc exclusivement en viognier, de Condrieu au nord à Limony au sud sur 124 hectares et sept
communes

- Château Grillet : blanc exclusivement en viognier sur les communes de Vérin et St Michel/Rhône sur 3,4
hectares et un seul propriétaire: la famille Neyret-Gachet-Baratin

- Côte Rôtie : rouge uniquement ( syrah et éventuellement jusqu'à 20 % de viognier), de St Cyr sur Rhône au
nord à Tupins-Semons au sud en passant par Ampuis, coeur de l'appellation, sur 230 hectares
- St Joseph : en rouge (syrah et éventuellemnt jusqu'à 10 % de Roussane ou de Marsanne) et en blanc

(Roussane et Marsanne), 1006 hectares le long de la rive droite du Rhône entre Chavanay au nord et Guilherand-
Granges au sud, en face de Valence, soit 26 communes dont 23 en Ardèche et 3 dans la Loire.

(2) - viognier : cépage unique de l'AOC Condrieu et AOC Château Grillet
- syrah : cépage des vins rouges de la vallée du Rhône septentrionale notamment de l'AOC St Joseph et de
l'AOC Côte Rôtie
- cheys : murets en pierres séches qui permettent de contenir la terre et de contribuer à la formation des
vignobles en terrasses
- chaillées : terrasses
- échalas : tuteur en bois que l'on croise et auquel la vigne est attaché

2
I-2 Un vigneron emblématique

Depuis peu installé sur la région, je découvrai le domaine Georges Vernay, au début de l'été
1996. Je rencontrai le vigneron en personne à son caveau situé à Condrieu, en bordure de ce qui
était encore la nationale 86. Je n'avais jamais goûté les vins de la région. J'eus donc le privilège
d'être initié aux vins de ces côteaux escarpés par un grand monsieur de l'appellation. Je me souviens
précisément de l'image qu'il utilisa en me faisant goûter ses vins : « Le Condrieu est un vin tout en dentelle »(3).
Sur Georges Vernay, j'en sais un peu plus aujourd'hui, grâce à sa fille Christine qui a repris le domaine en 1997 et son gendre Paul, et par d'autres également ... Ce vigneron faisait figure de
« dernier des Mohicans » à la fin des années soixante-dix, à l'époque où il ne restait dans le monde qu'une dizaine d'hectares de viognier, principalement chez lui. Longtemps président du syndicat
viticole de l'AOC Condrieu, cet homme a joué un rôle important dans la sauvegarde et le développement de l'appellation et du viognier.
A l'évocation de l'heureux évènement que j'étais en train de savourer - j'étais papa depuis quelques jours - il me lanca de sa voix rocailleuse un «Bienvenu à ce jeune condriot !» que je ne
suis pas prêt d'oublier.
Voilà, c'est un peu comme ça que tout a commencé. On habite pas très loin d'un lieu mais le moment n'est pas encore venu de le rencontrer. Quelques ricochets plus loin au détour d'un chemin, on se dit : « C'est là que je veux vivre, c'est là que je veux grandir avec ma famille, c'est là que je souhaite m'enraciner ». Ma rencontre avec cette figure locale, dans les premières semaines de notre
arrivée, a contribué à construire, à alimenter une passion naissante pour ce vignoble et sa région.

I-3 A l'assaut des terrasses !

Je créais une activité commerciale de « caviste à domicile »4. Pendant quatre années, mon métier m'amena à rencontrer ceux et celles « qui font » le vin. Le monde des vignerons m'attirait. Je souhaitais aller plus loin et me rapprocher de ce milieu professionnel.

3-1 Premières expériences

J'ai passé beaucoup d' heures à arpenter les côteaux ; puis ce fût le temps des rencontres avec des vignerons et d'autres personnes ; mes premières dégustations en cave à la pipette ; mes premières vendanges sur Roche Coulante en 1999 ; ma première gorgée fraîche de Condrieu après
avoir vidé la hotte de son lot de viognier ; mon premier repas de vendangeurs ; mes premières immersions viticoles en découvrant sur le terrain les travaux de la vigne : la pré-taille, la taille, le
remplacement des échalas sur l'automne et l'hiver... L'épamprage, l'ébourgeonnage, l'attachage sur le printemps.
Ces premières expériences, je les dois essentiellement au vigneron Christophe Pichon qui m'a fait entrer dans l'intimité de son métier et de son vignoble. Je l'avais rencontré la première fois,
dix ans auparavant au marché aux vins d'Ampuis, je venais de créer mon activité professionnelle.
(3) Le Condrieu est un vin tout en finesse conjuguant minéralité et opulence, aux saveurs d'abricot et de pêche, à la
bouche ample et fraîche. On retrouve particulièrement ces caractéristiques sur les différentes cuvées de Condrieu du
Domaine Georges Vernay.
(4) « Du Domaine A La Cave », EURL ERIC BESSON : dégustation et vente à domicile ( sur rendez-vous) de vins fins uniquement de propriétaires-récoltants et caves coopératives sélectionnés par mes soins. Carte de vins évolutive d'une quarantaine de références de différentes régions viticoles.
(3)
Les lieux repères sont importants, Roche Coulante en fait partie. C'est un lieu-dit cadastré de l'AOC Condrieu sur la commune de St Michel/Rhône. Il est très représentatif des paysages viticoles de la région où cheys et chaillées se succèdent sur des pentes à forts pourcentages. La
quasi totalité de mes premières expériences de la vigne se sont déroulées à partir de Roche Coulante. Elle se trouve, de plus, mitoyenne d'un lieu-dit Colombier dont les vignes donnent un raisin qui entre dans la cuvée « La Doriane », Condrieu en propriété de la célèbre Maison Guigal.
Roche Coulante est un endroit qui ne laisse pas insensible. Il est entré dans ma mémoire et fait partie de ma bibliothèque des lieux à inscrire dans les sites viticoles remarquables de la région. « Un paysage observé avec attention, peut être assimilé à un tableau contemplé dans une
galerie. Alors l'émotion peut poindre, comme une réminiscence d'enfance, de paradis perdu, de bien-être, de révélation ou même de rejet »(5).
J'éprouvais un sentiment fort à la rencontre du monde viticole.
Je ressentais quelque chose de Gionesque dans ma manière d'aborder le vignoble. Je rapprochais ma lecture de « Que ma joie demeure » de mes déambulations à travers les côteaux. J'y éprouvais le même lyrisme vis à vis de la symbiose entre l'homme et la nature :
« Il y avait les herbes d'amour. Il y avait la chair noire du lièvre faite avec le meilleur des collines. Il y avait la force du feu. Il y avait le vin noir. A tout ça s'ajoutait l'air qu'on mâchait en même temps que la viande- un air parfumé aux narcisses, car le petit vent venait du champ; le ciel,
le printemps, le soleil qui chauffait les coins souples du corps avec insistance... Il y avait que tout avait soudain odeur et forme. Le plateau tout entier suait son odeur de plateau »(6).
Ce qui m'amena à vouloir partager cette émotion.

(5) Carine Herbin et Joël Rochard « les Paysages Viticoles regards sur la vigne et le vin » aux éditions Féret 2006. Ces
deux auteurs, ingénieur-oenologue de formation, mènent des recherches sur des actions à réaliser concernant les
paysages viticoles.
(6) Jean Giono « Que ma joie demeure » aux éditions Grasset 1935

(4)
A droite de cette rivière de pierres, Roche Coulante et à gauche, Colombier

3-2 Le goût de l'autre

Ce que j'ai envie de faire dans le milieu du vin est marqué par ce que je suis, par mon
parcours et par mes rencontres. Mes études initiales en sociologie et ethnologie ont laissé leurs empreintes. L'ethnologie est la science de l'altérité, de ce qui peut paraître différent de nous. Elle nous apprend à regarder l'Autre, qui avec les siècles s'est rapproché géographiquement. En France, on a d'abord étudié les paysans, ces sauvages de l'intérieur, puis la société industrielle et le monde ouvrier. Les scientifiques se sont intéressés aux histoires de vie, « dans lesquelles c'est à partir des
récits d'individus singuliers que l'on cherche à comprendre lefonctionnement et la signification des rapports sociaux »(7).
Je n'ai pas l'ambition de me lancer dans l'histoire de l'ethnologie, ce n'est pas l'objet de ce travail. Je voudrais simplement dire que mes premiers pas et les premiers plaisirs que j'ai eu en parcourant le vignoble et en rencontrant les vignerons, se rapprochent des objectifs de l'ethnologue.
Cela concerne l'activité humaine, à la place de l'homme dans son environnement, à sa façon de se représenter le monde et de vivre sa différence dans l'unité du genre humain. « Pour moi, devenir
ethnologue consistait à servir de pont entre deux rivages culturels, lutter chez moi contre l'ignorance des systèmes de pensées étrangers et l'irrespect qui s'ensuit. Transmetteur, conteur, diffuseur d'un savoir confié, appris, pour une vivante restitution »(8).
Les vignerons apportent un témoignage sur ce qui est essentiel à la vie. Par la relation étroite qu'ils ont avec leur environnement, ils restent liés à des choses simples : le sol, le végétal, le fruit... la météo. Ils restent très humbles face à un orage de grêle qui peut ruiner toute une année de travail.
Ils révèlent une cohérence. C'est un mélange de pragmatisme et de modestie.
Ce témoignage peut avoir un intérêt pédagogique auprès des enfants mais aussi des adultes.
Lorsque l'on est soi-même porteur de valeurs, on n'a pas toujours conscience qu'elles sont estimables et qu'elles sont dignes d'être véhiculées ; elles paraissent tellement évidentes pour leurs
auteurs. Aller au-delà des évidences ! Je souhaite accompagner les vignerons à partager leurs valeurs auprès d'un large public en les amenant à témoigner de leurs savoirs-faire et savoirs-être.

(7) François Laplantine, maître de conférence d'ethnologie à l'université Lumière Lyon II, « l'anthropologie » dans la
collection « clefs » aux éditions Seghers 1987
(8) Jean-Yves Loude, écrivain-ethnologue, tiré d'un recueil de lettres, « Dialogue en noir et blanc », en collaboration avec
Kum'a Ndumbe III, aux éditions Présence Africaine.

5
II LE TEMPS DE LA FORMATION

II-1 Les Vins De Vienne : Un domaine viticole, lieu de stage et de mise en situation

J'ai proposé mes services à un domaine viticole où j'avais fait les vendanges en 2003. C'était une drôle d'année avec des vendanges au mois d'août. Ce domaine, Les Vins De Vienne ( VDV), est lié à la renaissance d'un vignoble antique sur la rive gauche du Rhône. Il se situe au nord de Vienne, en Isère, sur la commune de Seyssuel. Il est lié également à trois vignerons de la rive droite dont la notoriété de leur domaine respectif est importante sur les AOC St Joseph, Condrieu et Côte Rôtie :
il s'agit de Pierre Gaillard, François Villard et Yves Cuilleron. Ces trois domaines sont situés sur la pointe rhodanienne du département de la Loire:
-Domaine Gaillard à Malleval
-Domaine Villard à St Michel/Rhône
-Domaine Cuilleron à Chavanay
Sur un scénario de Pierre Gaillard et une réalisation de ces trois vignerons, tel le phénix, un vignoble renaît de ses cendres sur la rive gauche du Rhône. « Les Vins de Vienne » font référence à
l'histoire du vignoble de Vienne étroitement lié à la Rome antique, 1er siècle après JC. « En Gaule, si la culture de la vigne est alors réservée aux seuls romains, le peuple des Allobroges, avec Vienne comme capitale de l'Allobrogie (territoire qui s'étendait du Dauphiné à la Savoie) alliée de Rome, obtient le droit de cultiver la vigne et entreprend de planter les premiers ceps autour de Vienne ...sans doute la vitis allobrogica cultivée sur le territoire de Vienne, à raisin noir qui donnait trois
crus : Sotanum, Tabernum, Héluicum »(9).

(9) Guy Dumas « Les côteaux de Seyssuel renaissance d'un vignoble antique », mémoire de Sommelier-Conseil 2000-
2001/Université du Vin-Suze la Rousse
(6)
Château des Archevêques,propriété des VDV, au coeur du
vignoble de Seyssuel
Ils se sont associés pour recréer ce vignoble. Les premiers ceps ont été plantés en 1996.
Aujourd'hui, le vignoble des VDV sur Seyssuel est de onze hectares dont dix plantés en syrah et un en viognier. Ces trois novateurs ont fait des émules, puique 25 hectares de vignes ont depuis été replantés sur le vignoble de Seyssuel. L' aire géographique n'est pas en AOC mais elle présente des caractéristiques géologiques proche de l'AOC Côte Rôtie avec des sols schisteux et une exposition favorable au développement de la vigne, sud, sud-ouest. Ce nouveau vignoble s'inscrit sur une zone
de production en Vin de Pays de zone, exactement Vin de Pays des collines rhodaniennes.
« Si cette zone géographique est caractérisée par un climat continental modéré propre à la vallée du Rhône septentrionale, le vignoble de Seyssuel offre un climat de type quasi méditerranéen. On peut noter la présence, sur le Bas Seyssuel, de cigales, cactus et mimosas,
habituellement présents 200 kilomètres plus au sud dans la vallée du Rhône. On note aussi la présence d'une fleur aimant les vignes aux sols siliceux ou calcaires et bien drainés, la Gagée du rocher, fleur à étoile jaune, marquant par sa présence exclusive à Seyssuel le caractère original du terroir ... Les étés chauds et secs permettent d'obtenir une bonne maturité du raisin. Dans cette partie la plus étroite du Rhône, l'encaissement particulier provoque une montée des
températures »(10).
Ces trois vignerons ont fait le pari de l'excellence comme ils la pratiquaient chacun sur leur propre domaine. Pierre-Jean Villa, le quatrième associé, est arrivé début 2003 au sein des VDV. Sa
mission était celle d'un régisseur : administrer, gérer l'entreprise VDV, fort de son expérience commerciale chez Boisset, grande maison bourguignonne. Les trois vignerons fondateurs ne pouvaient plus s'occuper à la fois de leur propre domaine et des VDV; ce domaine développait depuis fin 1998 la compétence supplémentaire de négociant-éleveur.
Autour du régisseur, le domaine est composé aujourd'hui de dix personnes, sans compter l'intervention de nombreux saisonniers essentiellement dans les travaux viticoles. De 2003 à 2007,
les VDV sont passés de 150000 cols à 330000 cols.
L'objectif reste pourtant qualitatif. Le positionnement est clair, c'est le développement d'une double compétence, celle de propriétaire-récoltant et celle de négociant-éleveur : Près de dix-huit
(10) Voir note 9

(7)
Vignoble de Seyssuel sur le lieu-dit Roche Couloure
hectares en propriété dont sept hectares répartis sur différentes appellations septentrionales ( Côte Rôtie, Condrieu, St Joseph et St Peray, le reste sur Seyssuel ) et environ vingt hectares de vignes en
suivi parcellaire où les VDV ont noué un partenariat avec des propriétaires de la vallée du Rhône septentrionale.
Les Vins De Vienne déclinent leurs vins sous trois gammes distinctes :
- Les vins du Domaine sur Seyssuel en Vin de Pays des Collines Rhodaniennes, trois cuvées
qui font références aux trois crus de l'antiquité romaine ( Sotanum, Tabernum et Héluicum )
- la gamme Amphore d'Or, douze cuvées prestiges
- la gamme Amphore d'Argent, huit cuvées classiques(11 )
Soit à ce jour, une gamme de vingt-trois cuvées à forte identité Vallée du Rhône Septentrionale ( quinze cuvées sur vingt-trois).
Cette identité est renforcée par le choix des noms des vins, issus du patois de la région de Condrieu.(12)
Les VDV ont développé l'achat en primeur auprès de leurs clients particuliers sur les vins du Domaine et sur les vins de la gamme Amphore d'Or. Par exemple, pour le Sotanum 2006, les clients
avaient entre novembre 2006 et fin janvier 2007 pour réserver cette cuvée au prix de 25 euros (au lieu de 30 euros). L'élevage en barrique continue dans les chais du domaine et les clients prendront
livraison de leurs vins réservés quelques semaines après la mise en bouteilles, soit courant mai 2008 lors d'un moment « portes ouvertes » du domaine.

II-2 Apprenti Sommelier-Conseil

Lorque j'ai rencontré Pierre-Jean Villa, le régisseur des VDV, et nous avons brossé ensemble le mode possible d'une collaboration présente et future. Cela m'a permis de recentrer mon offre sur la partie commerciale. Le régisseur souhaitait développer la clientèle particulière, déléguer à moyen terme différentes actions commerciales (marchés aux vins, salons professionnels). De manière globale, les VDV continuaient leur phase de développement avec un projet d'agrandissement et de
valorisation du site englobant la création d'un caveau de dégustation digne de ce nom. Le projet d'agrandissement (aujourd'hui projet bien avancé avec le déménagement sur un nouveau site
programmé en 2008 ) ayant pris du retard, cela ne se ferait pas dans l'immédiat. Je pouvais mettre à profit cette période pour augmenter mes compétences dans le domaine de la dégustation et de la connaissance des vins ; d'où la formation de sommelier conseil à l'université des vins de Suze-la- Rousse. Nous nous sommes revus pour prévoir un planning de mon intégration au sein du domaine en fonction des temps forts commerciaux à venir courant premier semestre 2007.
J'ai assisté le régisseur sur trois missions commerciales :
-le marché aux vins d'Ampuis en janvier, vente/dégustations auprès des particuliers ;
-le salon itinérant « découvertes en vallée du Rhône » organisé par Inter-Rhône en Mars ;
-le salon Vinexpo à Bordeaux en Juin.
Ces deux dernières manifestations s'adressaient aux professionnels.

(11) Les vins du Domaine VDV, annexe 1
(12) Le nom des vins, annexe 2

8
Ces trois actions commerciales entraient dans le champ de compétences reconnues du Sommelier-Conseil et répondaient à un souhait du régisseur d'être assisté ou de déléguer ce type de représentation commerciale du domaine.
Pendant ces trois périodes, j'ai présenté et fait déguster les vins du domaine. J'ai ainsi pu constaté le désir des visiteurs de découvrir l'histoire des vins que je versais dans leur verre, qu'ils
soient professionnels ou particuliers, français ou étrangers.
J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ce chemin avec eux, ne cessant de demander un détail manquant aux représentants du domaine afin d'assouvir ma curiosité et par la même celle des visiteurs.
( A développer éventuellement lors de la soutenance à l'oral)
9

III LE SOMMELIER-CONSEIL,
UN ACTEUR DU DEVELOPPEMENT DE L'OENOTOURISME

Au cours de ces stages, j'ai pu mesurer la notoriété des VDV. Dans le milieu professionnel,
les VDV sont reconnus. L'édition 2007 de VINEXPO l'atteste, c'est un domaine qui tend à la maturité. La notoriété des vignerons fondateurs a permis aux VDV de faire leur place. Ce domaine tend maintenant à avoir sa propre reconnaissance en tout cas chez les professionnels. En revanche,
il lui reste du chemin à parcourir pour capter un public plus large. Mais pour acquérir une notoriété qui sorte du cercle professionnel, ne faut-il pas oeuvrer à une valorisation du domaine ? Quels types
de valorisations peut-on envisager ?
Le sommelier-conseil intervient dans ce champ de la valorisation. Il devient nécessaire, à partir du moment où il apporte une plus value au domaine et aux vins du domaine. Sa place doit être clairement identifiée, il n'est pas le vigneron. Il est là pour valoriser le vignoble dans lequel s'inscrit le domaine. Au delà du rôle commercial inhérent à sa fonction, que peut apporter le sommelier conseil ?
J'approche du champ que l'on nomme « oenotourisme ». Cette activité associe vin (du grec oinos) à tourisme. C'est une activité de loisirs liés au monde du vin. L'AFIT en 1999 a identifié neuf produits du tourisme vitivinicole(13).
Je différencie tourisme viticole, expression utilisée il y quelques années, et oenotourisme. Je me fais pour cela l'écho d'un entretien paru dans le numéro spécial de la journée vinicole consacré
à l'oenotourisme paru en mai 2007:
« L'indicateur de performance du tourisme viticole porte plutôt sur le nombre de nuitées ou le chiffre d'affaires dépensé dans la région. Ce sont alors les professionnels du tourisme qui en sont en charge, à l'instar du tourisme vert ou du tourisme d'affaires. En revanche, pourl'oenotourisme l'indicateur de performance porte sur le chiffre d'affaires en vin et le bénéfice sur l'image à court et moyen terme sur les vins... L'objectif est de créer des sources de revenus supplémentaires au niveau
des vignobles... Dans le cadre de l'oenotourisme, il y a une vraie prestation qui est l'activité
oenologique éducative, un loisir»(14).
On entrevoit la place que peut prendre le sommelier conseil pour développer ces activités oenologiques éducatives : « Typiquement, les vignes forment de très beaux paysages, mais il faut l'expliquer aux visiteurs... Lorsqu'il s 'agit de choses qui font partie de son histoire, le vigneron ne se rend pas toujours compte de ce qui intéresse l'autre »(15).

(13) La Journée Vinicole, numéro spécial mai 2007, « L'oenotourisme : un tourisme dans l'air du temps », annexe 3
(14) Joëlle Brouard, consultante sur le domaine de l'oenotourisme, La Journée Vinicole, numéro spécial mai 2007, «
L'oenotourisme, une pépite encore brute, qui reste à façonner », annexe 4
(15) Voir note 14
10

III-1 Valorisation des paysages viticoles

La lecture de paysages entre dans le champ des activités oenologiques éducatives. Face à un vignoble aussi marqué par le travail de l'homme que celui des AOC Côte Rôtie, Condrieu et St Joseph, le visiteur ne peut rester indifférent à partir du moment où il a à sa disposition quelques clés pour comprendre ces paysages.
A propos des vignobles en terrasses caractéristiques de cette rive droite du Rhône, voici ce que l'on trouve sous la plume de Carine Herbin et Joël Rochard :
« La lecture d'un paysage comporte une dimension historique et sociologique liée au courage, au savoir-faire et à la ténacité des hommes, qui cherchent à s' affranchir de ce que Michelet appelait la « tyrannique suprématie » de la nature. Les terrasses s'inscrivent dans ce
combat que mènent les vignerons pour gagner sur la pente quelques ceps à l'abri de la fureur des eaux de ruissellement, mais sous le regard généreux du soleil. Elles constituent une succession de
marches de pierres qui façonnent des paliers horizontaux... Les terrasses résultent d'un aménagement volontaire de la pente en une série de paliers horizontaux (planches) soutenus par des murs en pierre. Les murs participent à l'épierrement du sol et optimisent l'utilisation de
l'espace... Cette viticulture étagée limitait le ruissellement et l'entraînement de la boue lors des pluies intenses ... Derrière un mur de pierres sèches soigneusement choisies, les cailloux servent au
drainage »(16).
Etroitement liée aux paysages viticoles et dans une appréhension plus large, c'est la notion de terroir(17) qui est essentielle. Le sommelier conseil est amené à guider les visiteurs dans leur lecture du paysage à la découverte d'un patrimoine culturel. « Ainsi les paysages de vigne sont des supports emblématiques du terroir teintés de notes historiques, culturelles voire artistiques »(18).

(16) Carine Herbin et Joël Rochard, « Les Paysages Viticoles regards sur la vigne et le vin », voir note 5
(17) La notion de terroir fait écho à la définition qu'en donne l'INAO et rappelé dans le livre de Carine Herbin et Joël Rochard : « Un terroir est un système au sein duquel s'établissent des interactions complexes entre un ensemble de facteurs humains (techniques, usages collectifs...), une production agricole et un milieu physique (territoire). Le terroir
est valorisé par un produit auquel il confère une originalité (typicité). »
(18) Carine Herbin et Joël Rochard, « Les Paysages Viticoles regards sur la vigne et le vin », voir note 5
11
Le vignoble en terrasses à Colombier : cheys, escaliers en pierre,
chaillées et vignes attachées aux échalas

III-2 Le domaine viticole au coeur de l'oenotourisme

2-1 Exemple des Vins De Vienne et des vignerons associés comme terrain d'étude

Les vins sont à la hauteur des espérances. Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde en 2000, venu sur ce mois de janvier 2007 faire un article pour La revue des vins de France19 a été élogieux sur la qualité d'ensemble de ces vins, particulièrement le Sotanum millésime 2005. Ce
dernier vient de recevoir une médaille d'argent au premier concours des syrah du monde organisé à Ampuis début juin 2007(20).
Nous sommes sur ce que l'on appelle des vins de niche, des vins recherchés, rares et chers.
Les VDV représentent une maison de négoce jeune, elle se montre conquérante commercialement.
Il y a des vins à vendre au VDV, et sur les trois autres domaines aussi, mais globalement la vallée du rhône septentrionale ne montre ni le même dynamisme ni la même énergie commerciale que la vallée du Rhône méridionale. Nous ne sommes pas sur les mêmes volumes... Le sud de la
vallée du Rhône s'est montré plus inventif, plus créatif, plus ouvert et plus tôt à l'oenotourisme. Sur le nord, on gère plus souvent la pénurie que l'abondance.
Il faut des personnalités tout à fait singulières dôtées d'une âme de pionnier, pour faire bouger les choses, pour inventer, se lancer des défis. La renaissance du vignoble antique de Seyssuel est de cet ordre là. Dans cet état des lieux, la personnalité des quatre associés est un
paramètre très important et les liens qui les unissent aussi.
L'union fait la force dixit le dicton, l'amitié en est le ciment. Dans un milieu plutôt individualiste, refermé sur lui-même, peu enclin à communiquer sur son savoir-faire, ces nouveaux
vignerons apportent leurs différences. Avec eux, le contexte pour développer des formules oenotouristiques semble plus favorable.
D'une manière générale, une nouvelle génération de vignerons émerge et cela va bien au delà de l'exemple des VDV. La mutualisation des énergies n'est plus une utopie.
Les quatre associés se sont rapprochés d'un autre domaine réputé, le domaine Jean-Michel Gerin et également d'un autre associé non vigneron, et ont fait l'acquisition d'un bar à vin/cave/restaurant au plein coeur de la Côte Rôtie à Ampuis même, « le bistrot à Serine »21. Il a
ouvert, en mars 2007, pour l'opération InterRhône, « découvertes en vallée du Rhône » , la manifestation itinérante se terminant par une journée à Ampuis sur les AOC Condrieu et Côte Rôtie.
Une petite équipe compose l'établissement, un cuisinier, une sommelière pour la partie bar à vins et cave et deux personnes en salle pour le restaurant.

(19) Voir annexe 5
(20) Le palmarès 2007 de la 1ère confrontation internationale des meilleurs syrah du monde, qui s'est tenu à Ampuis les
31 mai et 1er juin, est joint aux annexes. Les domaines Cuilleron et Gaillard ont également été récompensés pour la
qualité de leurs vins.Voir annexe 6
(21) La serine est la syrah d'Ampuis, une syrah à petits grains. On la trouve encore sur le vignoble de l'AOC Côte Rôtie
12

Nous pouvons faire l'état des lieux suivant :
- Cinq vignerons , cinq personnalités
- Cinq domaines, cinq vignobles
- Un paysage viticole digne d'intérêt
- Un outil au service de ces domaines, un bar à vin/cave/restaurant
- Un réseau dense et informel : Rhône vignobles, les Gobeloteurs, synergie de vignerons
autour du festival de Jazz à Vienne22...

2-2 Un vigneron du Beaujolais et ses clients au pays des Côtes-Rôties

Mr St Cyr, vigneron dans le Beaujolais, organise chaque année pour ses clients un week-end découverte de vignobles. Cette année, il proposait de visiter le vignoble de Côte Rôtie le premier jour(23) et celui du sud de l'Ardèche, le second jour. Il se devait de trouver une structure qui puisse
acceuillir un groupe d'une soixantaine de personnes le samedi. Il a fait le constat que l'offre était rare. Il est entré en contact avec « Le Bistrot à Serine » qui a proposé la formule suivante : visite du vignoble et casse-croûte dans les vignes en partant à pied du Bistrot, accompagné du régisseur des VDV puis retour au Bistrot pour une initiation/ dégustation des vins de la région commentée par la sommelière de l'établissement et ensuite repas sur place.
Pierre-Jean Villa n'étant plus disponible le jour convenu, j'ai accueilli ce groupe formé de la clientèle fidélisée du domaine St Cyr. Les personnes venaient de différentes régions de France.
Amateurs de vins et de convivialités, ils n'étaient pour la majorité jamais venu sur la région.
Après une présentation des caractéristiques viticoles du site, nous sommes partis à pied au coeur de l'appellation Côte rotie le long d'une petite rivière « le reynard » longeant une parcelle
réputée dénommée « Côte-Brune ». J'ai axé ma présentation sur l'appellation en général. Le vignoble donnait à voir au groupe des éléments concrets, les pratiques culturales, les vignobles en
terrasses, les échalas, les cheys, les chaillées.
L'itinéraire prévu amenait le groupe sur les hauteurs d'Ampuis et offrait un beau panorama sur le village avec en toile de fond le château d'Ampuis, propriété de la famille Guigal. Après réflexion, j'ai modifié le parcours qui me semblait trop physique et j'ai amené le groupe sur un
itinéraire plat, montant uniquement sur la fin. Le vignoble était au-dessus de nous et le groupe pouvait ainsi percevoir précisément la réalité des pentes. Bien m'en a pris, toutes les personnes n'étaient pas chaussées en conséquence.

(22) Ce sont trois exemples d'association « fraternelle », la philosophie des gobeloteurs est représentative de ce type
d'association « nous sommes vignerons, ancrés dans nos terroirs, fiers de poursuivre l'oeuvre : celle qui exige de donner
le meilleur de nous-mêmes pour créer de grands vins. Et, naturellement, nous aimons le partage. Nous nous sommes choisis pour grandir ensemble. »
J'invite le lecteur à découvrir le très beau site internet de Rhône vignobles, association de 15 vignerons de l'ensemble de
la vallée du Rhône et d'au delà.
Autre exemple de synergie, la cuvée festival de Jazz à Vienne 2007 en Condrieu qui est un assemblage de cuvées de
différents vignerons parmi les plus réputés: Gangloff, Vernay, Cuilleron, Gerin, Gaillard et Villard
(23) Exemple de valorisation d'un vignoble et de ses vins, samedi 20 juin 2007
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Le point d'orgue fût le casse-croûte au pied des vignes au bord du ruisseau, avec des charcuteries et des fromages apportés par le groupe et les vins des VDV fournis par le Bistrot :
cuvée les Laurelles en Côtes du Rhône blanc 2006 et cuvée Reméage rouge en vin de table, vins de casse-crôute par excellence.
Ce qui m'a permis de raconter l'histoire de ce domaine et par ricochet d'aborder les trois autres domaines. L'endroit où nous étions ne permettait pas de mettre en avant un des cinq domaines/associés mais il avait deux atouts : il était très évocateur pour présenter le vignoble en
général et proche du Bistrot à pieds.
Pour une visite spécifique par rapport à un domaine précis, cela nécessiterait une autre démarche ; par exemple dans le cas d'un amateur de vin qui souhaiterait connaître le vignoble dont
est issu le vin qu'il déguste.
Dans le développement de formules oenotouristiques, la connaissance des spécificités de chaque domaine doit être approfondie. Avec ce groupe, nous étions complètement dans l'activité oenologique éducative associée à une forte convivialité. Le groupe était réactif, interactif, curieux.
Il est important pendant cette visite/découverte de laisser les personnes du groupe dans la contemplation du spectacle de la nature qui s'offre à eux. Entrer dans l'intimité du vignoble comme je l'entend, c'est se laisser imprégner par une ambiance.
Ce moment a duré 1h30 environ. La formule est variable et peut évoluer à la demande en
fonction de mutiples paramètres :
- Nombres de personnes
- Condition physique des participants
- Intégration de la formule dans le programme global du groupe
- Connaisance du vignobles, des domaines, des vins...
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Le groupe dans le vignoble des Côtes-Rôties, au pied du lieu-dit
Côte-Brune
Une dégustation des vins de la région attendait notre groupe à leur retour de ballade, cinq vins issus des Domaines Gerin, Cuilleron, Gaillard, Villard et VDV sur les AOC St Joseph Condrieu et Côte Rôtie24. C'était une initiation à la dégustation commentée et animée par la sommelière de l'établissement durant une heure. Ensuite le repas a été pris au restaurant du Bistrot ; les vins sélectionnés étaient des Vins de Pays des collines rhodaniennes du Domaine Cuilleron en cépage syrah, cuvée Sybel 2006 en rosé et cuvée les Candives 2005 en rouge.
Après le repas, certaines personnes ont acheté des bouteilles à la cave du bistrot. Vu l'heure tardive, ils n'ont pas pu enchaîner sur une promenade digestive vers le Château d'Ampuis et ont regagné le bus qui les attendait pour la seconde étape de leur périple : Les vignobles du sud de
l'Ardèche. Ce groupe de soixante-trois personnes étaient finalement restés sur Ampuis toute une journée autour de la thématique « découverte du vignoble Côte Rôtie » ainsi formulée par le
vigneron du Beaujolais, à l'initiative de cette sortie.
Le Bistrot est une vitrine pour les domaines associés. C'est un plus et un complément. C'est surtout un bel outil pour développer des formules oenotouristiques. Ces formules sont à travailler, à structurer en ne perdant jamais de vue cette expérience du sensible que recherche le visiteur. « Il faut simplement ajouter la touche, c'est à dire la charge émotionnelle que l'on arrive à créer chez ses visiteurs, cette qualité d'accueil que les vignerons sont capables de transmettre. Les gens
cherchent des choses simples mais il faut que l'offre soit qualifiée et que l'acceuil soit authentique.
L'oenotourisme est un tourisme d'émotion.»(25)

(24) Les differents vins dégustés :
- viognier en Vin de Pays de Collines Rhodaniennes 2005 Domaine Gerin
- AOC Condrieu 2005 Domaine Gaillard
- AOC St Joseph rouge cuvée classique 2005 Domaine Les Vins De Vienne
- AOC Côte Rôtie Champin le seigneur 2004 Domaine Gerin
- AOC Côte Rôtie Madinière 2004 Domaine Cuilleron
(25) Jean-Claude Bélanger, directeur du cabinet d'ingiénérie touristique MDT, « la journée vinicole », mai 2007
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Dégustation sur la terrasse du Bistrot à Serine

III-3 L'oenotourisme en action

On constate sur ces dernières années l'émergence de ce secteur d'activité : L' Agence Française d'Ingéniérie Touristique (AFIT ), aujourd'hui ODIT (Observation, Développement et
Ingéniérie Touristiques), a publié un rapport sur le tourisme vitivinicole en 1999 et un groupe de travail sur le tourisme vitivinicole au sein de la Maison de France a été crée en 2000. Un groupe de
réflexion oenotourisme s'est organisé au sein d' Inter-Rhône en 2006 et un rapport ministériel sur l'oenotourisme, le rapport Dubrule, vient de paraître en 2007 annonçant dix propositions pour
améliorer et organiser l'offre oenotouristique.(26)
Le quotidien « la journée vinicole » après une première édition spéciale en mai 2006 sur l'oenotourisme, « la filière s'organise », publie une nouvelle édition spéciale sur le sujet non plus cette fois sur le développement de l'oenotourisme sur le plan institutionnel mais sur la concrétisation de projets en France et le regard porté par des consultants et experts.(27)
De la création du premier site internet sur l'oenotourisme en 200628, à la parution en 2007 d'un ouvrage « Oenotourisme, mettez en valeur votre exploitation viticole », en passant par la création d'une formation innovante de chargé de développement oenotourisme bac+329, nous
assistons à un développement des réalisations dans ce domaine parmi lesquelles, et cela est loin d'être exhaustif :
- la Winery Philippe Raoux dans le Haut- Médoc en 2007
- la Cité de la vigne et du vin à Gruissan près de Narbonne en 2004, pôle d'activité basé sur
la découverte scientifique
- la réhabilitation d'un village, le villages de Bages, à partir de 2002, au sud de Pauillac dans
le médoc à l'initiative de Jean-Michel Cazes
- l'agence de voyage « promenades en France », créée en 1999 basée à Beaune, spécialisée
dans l'organisation de circuits touristiques dans les vignobles français à partir principalement
de randonnée pédestres et à vélo
- le hameau du vin à Romanèche-Thorins dans le Beaujolais, site pionnier en matière
d'oenotourisme, crée en 1993 par le négociant Georges Duboeuf 30
« Le tourisme est important pour la promotion des vins. J'ai d'ailleurs toujours été convaincu
qu'il ne fallait pas se borner à seulement vendre le liquide qui est dans la bouteille. Il faut vendre
une culture de vin, un environnement, un art de vivre, une manière d'être... le vin fait partie d'un univers beaucoup plus vaste que celui de la boisson. »(31)
(26) Voir annexe 3
(27) Voir annexe 7
(28) Une mention spéciale pour le site internet winetourisminfrance et son initiateur André Durieux. Ce dernier, ancien
cadre chez IBM, spécialisé dans les stratégies de communication, a partagé avec l'auteur de ce mémoire les bancs de
l'université du Vin à Suze la Rousse dans le cadre de la formation Sommelier-Conseil. Longue vie à cette belle
réalisation qui apporte un outil pertinent au développement de l'oenotourisme en France.
(29 )Voir annexe 8
(30) Je renvoie le lecteur à la dernière édition spéciale de « la journée vinicole » de mai 2007 où il retrouvera les différentes réalisations citées
(31) Jean-Michel Cazes, « la journée vinicole », édition spéciale de mai 2007
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CONCLUSION

Le vigneron doit apprendre à vendre de l'immatériel.
L'activité oenologique éducative est un champ ouvert pour le Sommelier-Conseil. Le vigneron peut s'appuyer sur ce professionnel pour la vente au caveau, sur les marchés aux vins ou dans les salons professionnels, mais plus uniquement et pas seulement. Une histoire est à écrire.
Le vignoble est un terrain d'aventures infiniment grand, il demande aux professionnels une connaissance physique pointue du vignoble. De bonnes chaussures de randonnées sont désormais
un outil indispensable pour le Sommelier-Conseil en plus des connaissances de dégustation.
Le paysage viticole fait partie intégrante de la dimension culturelle du vin et particulièrement dans la région de Condrieu. S'il est une route que je fais régulièrement, c'est bien celle entre Condrieu et Vienne et je ne me lasse jamais de balayer du regard cette succession de
collines et de côteaux, ces vignes en terrasses. Parfois on aperçoit quelques petites formes animées,
disséminées par-ci par-là, cela nous rappelle que ce sont les hommes qui sculptent encore ces paysages.
Voilà comment je conçois mon métier à venir : il se situe dans un large espace commercial où l'on trouve le caveau de dégustation, les marchés aux vins, les salons professionnels. Ce sont des éléments connus par le vigneron. Mais comme je l'ai développé, mon métier doit s'ouvrir au champ large de l'oenotourisme. Une bouteille de vin n'est pas qu'une bouteille de vin, elle est issue d'un environnement culturel. Un vin dont on connait l'histoire, grande ou petite, prend une tout autre dimension. D'où il vient, qui l'a fait, à quelle occasion on l'a acquis, avec qui on va le partager, voilà
ce qui contribue à apporter de l'eau au moulin de ce tourisme d'émotion.
Le vin est un prétexte à rencontrer l'autre. Cet autre que l'on peut initier,faire entrer dans un monde un peu fermé, un peu secret. Le sommelier conseil est un ouvreur de portes, il se doit de
rendre accessible au plus grand nombre un monde, celui des vins, qui fait partie intégrante de notre culture.
L'oenotourisme offre au vigneron la possibilité de ne pas se limiter à la vente de vins et par là
même de toucher un public plus large, pas obligatoirement la clientèle habituelle des caveaux. Ce peut être un public sensibilisé à la nature, à la randonnée, à la lecture du paysage, qui recheche des
loisirs intelligents, en quête d'une activité qui apporte quelque chose à titre personnel. C'est une activité complémentaire, une activité de service.
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Invitation à la découverte En avant, marche ! Au coeur du vignoble

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